Pyrrhus (-319 à -272)

PYRRHUS


Chronologie

-350 à -300
En -319, Pyrrhus, fils de Eacide, roi des Molosses, naît. Par la suite, il suit l'exil de son père, chassé de son trône, auprès de Glaucias, un roi d'Illyrie (RNE).

En -306, Pyrrhus parvient à récupérer son titre de roi des Molosses (RNE).

En -302, Cassandre, roi de Macédoine, chasse Pyrrhus de son trône. Pyrrhus se réfugie alors chez Démétrios Poliorcète, son beau-frère (RNE).

-300 à -250
En -298, Pyrrhus est exilé à la cour de Ptolémée, à Alexandrie. Il y épouse Antigonè, fille d'un premier mariage de la reine Bérénice (RNE).

En -297, avec l'aide d'une armée fournie par Ptolémée, Pyrrhus parvient à regagner son trône et redevient roi des Molosses. Il est aussi hégémon, soit commandant en chef, de la Ligue épirote, une confédération de trois peuples, les Molosses, les Thresprotes et les Chaônes (RNE).

En -295, Pyrrhus se lance dans une politique d'expansion et s'empare, au cours de l'année, de Corcyre (RNE).

En -294, Pyrrhus s'empare de Ambracie, de l'Acarnanie et des territoires aux confins de l'Epire et de la Macédoine (RNE).

En -292, après avoir épousé Lanassa, fille d'Agathocle, il épouse Bicemna, fille de Bardylis, un prince illyrien, et une fille d'Audoléon, roi des Péoniens. Ces alliances matrimoniales soutiennent sa politique d'expansion dans laquelle il s'est lancé en -295 (RNE).

En -287, Pyrrhus tente de monter sur le trône de Macédoine mais Lysimaque, ancien garde du corps d'Alexandre, l'en empêche (RNE).

En -281, l'armée romaine, conduite par le consul Lucius Aemilius Barbula, pénètre sur le territoire de la cité de Tarente et vient mettre le siège devant la cité. Les Tarentins appellent alors à l'aide Pyrrhus, qui, n'étant pas parvenu à étendre son territoire vers l'est et cherchant une occasion de s'agrandir vers l'ouest, saisit l'opportunité qui se présente pour marcher en Italie sur les traces d'Alexandre le Molosse, son oncle et prédécesseur sur le trône d'Epire. Pyrrhus envoie une avant-garde, sous le commandement de Cinéas et Milon, avec 3.000 hommes, et franchit peu après l'Adriatique avec le gros de ses troupes, soit 22.500 fantassins, 2.500 archers et frondeurs, 3.000 cavaliers et 20 éléphants, une armée équivalente à celle avec laquelle Alexandre le Grand avait conquis l'Empire perse. A peine débarqué à Tarente, Pyrrhus se lance dans une vaste opération de propagande destinée à présenter son intervention comme une campagne de libération du joug romain des Grecs d'Italie et des peuples voisins, soit les Samnites, les Lucaniens, les Messapiens et les Bruttiens. Il fait frapper des monnaies, imitant celles d'Alexandre le Grand, ornées de la tête d'Achille, son prétendu ancêtre qui avait vaincu les Troyens, comme lui-même se prépare à vaincre les Romains, les prétendus descendants d'Enée et des Troyens, ou de la tête d'Héraclès, divinité qui incarne la lutte du monde grec contre la barbarie. Le consul romain Publius Valerius Laevinus marche alors au-devant de Pyrrhus, à la tête de 30.000 hommes (RNE).

Entre -281 et -275, 7 tablettes de bronze sont gravées afin d'indiquer les prêts concédés par le sanctuaire de Zeus Olympios, dans la cité grecque de Locres Epizéphyrienne. Elles indiquent qu'un roi a prélevé 11.240 talents d'argent, soit 295 tonnes, dans les réserves du riche sanctuaire, soit de quoi frapper entre 45 et 54 millions de pièces de monnaie. A cette époque, ce sanctuaire est en effet à la tête de vastes domaines, dont il revend les productions de blé, de vin et d'huile, et reçoit de nombreux dons des dévots. Le roi qui a effectué ce prélèvement est peut-être Pyrrhus ou, selon d'autres hypothèses, Agathocle ou Denys II (RNE).

En -280, l'armée de Pyrrhus affronte l'armée romaine du consul Publius Valerius Laevinus, près de la cité grecque d'Héraclée. Les légions romaines sont surprises et rapidement mises en déroute par les éléphants de combat, qu'elles affrontent pour la première fois. Les survivants romains se replient alors dans la colonie latine de Venusia. De son côté, Pyrrhus remporte la victoire mais perd dans l'affrontement plus de 8.000 hommes, morts ou faits prisonniers, soit un peu plus du tiers de son armée. C'est de là que vient l'expression populaire une victoire à la Pyrrhus. Cependant, grâce à cette victoire, Pyrrhus obtient le soutien des Samnites, des Lucaniens, des Bruttiens et des cités grecques, comme Locres, qui se débarrassent des garnisons romaines. Pyrrhus tente alors de marcher sur Rome en remontant la via Latina mais, arrivé à une soixantaine de kilomètres de la cité, comprenant qu'il ne peut s'en emparer par la force, renonce à son projet, regagne Tarente pour hiverner et entame des négociations. Cinéas, reçu au sénat, plaide pour la liberté des cités de Grande Grèce et la restitution des terres prises aux Samnites, aux Lucaniens et aux Bruttiens. Les sénateurs, emmenés par l'ancien censeur Appius Claudius Caecus, refusent et la guerre se poursuit (RNE).

En -279, au printemps, après avoir reconstitué une armée de 40.000 hommes, Pyrrhus prend la route de l'Apulie et du Samnium. Les consuls Publius Sulpicius Saverrio et Publius Decius Mus tentent de le bloquer au niveau d'Ausculum, l'actuelle Ascoli Satriano. L'affrontement a lieu et les Romains perdent 6.000 hommes, contre 3.500 pour Pyrrhus, qui se replie de nouveau à Tarente. Là, des ambassadeurs des cités grecques de Sicile viennent trouver Pyrrhus, qui est le gendre d'Agathocle, pour lui proposer de prendre la tête d'une armée de coalition destinée à chasser de la Sicile les Puniques, qui sont alliés de Rome. La flotte punique, commandée par l'amiral Magon, assiège alors Syracuse (RNE).

En -278, au printemps, Pyrrhus, après avoir laissé une partie de ses troupes à Tarente, débarque en Sicile avec 8.000 hommes. Il parvient à faire lever le siège de Syracuse et obtient le soutien de plusieurs cités, dont Taormine, Leontinoi et Enna. Pendant ce temps, les Romains en profitent pour reprendre les hostilités contre les Samnites, les Lucaniens et les Bruttiens. Au cours de l'année, Caius Fabricius Luscinus remporte une victoire (RNE).

Entre -278 et -276, le consul romain Caius Cornelius Rufinus reprend le contrôle de Crotone (RNE).

En -277, Pyrrhus poursuit son offensive vers l'ouest de la Sicile et s'empare du mont Eryx et de la ville punique de Palerme (RNE).

En -276, le romain Quintus Fabius Maximus Gurges remporte une victoire dans les hostilités contre les Samnites, les Lucaniens et les Bruttiens. Pyrrhus, pressé par des ambassadeurs des Samnites, des Lucaniens et des Tarentins, et en butte à l'hostilité croissante des Grecs de Sicile, regagne l'Italie. La flotte punique lui inflige de lourdes pertes durant la traversée et il est incapable, avec les forces qui lui restent, de déloger la garnison campanienne de Rhêgion (RNE).

En -275, au printemps, les consuls Lucius Cornelius Lentulus et Manius Curius Dentatus marchent, l'un à travers la Lucanie, l'autre à travers le Samnium, pour bloquer une éventuelle remontée de Pyrrhus vers le Latium. L'armée de Manius Curius Dentatus rencontre celle de Pyrrhus dans les environs de Malventum, rennomée après la bataille de Beneventum, l'actuelle Bénévent, chez les Samnites Hirpins. Les Romains sont vainqueurs et Pyrrhus se replie à Tarente. A l'automne, Pyrrhus quitte définitivement l'Italie et regagne l'Epire (RNE).

En -274, Pyrrhus arrache momentanément la couronne de Macédoine à Antigone Gonatas et marche sur Sparte et sur Argos, où s'est réfugié Antigone Gonatas (RNE).

En -272, lors d'un combat dans les rues d'Argos, Pyrrhus trouve la mort. Son fils, Alexandre II, lui succède sur le trône d'Epire (RNE).

1900 à 2000
Entre 1958 et 1959, dans le sanctuaire de Zeus Olympios, dans l'ancienne cité grecque de Locres Epizéphyrienne, est découvert un caisson de pierre recouvert d'une dalle de pierre pesant 1.180 kg et contenant 39 tablettes de bronze, sur lesquelles sont enregistrés les prêts que le sanctuaire avait concédés à la cité de Locres, entre -350 et -250. Parmi ces 39 tablettes, 7 d'entre elles, datées entre -281 et -275, indiquent le prélèvement effectué par un roi, peut-être Pyrrhus ou, selon d'autres hypothèses, Agathocle ou Denys II (RNE).


Sources de l'article

RNE : Stéphane Bourdin, Catherine Virlouvet, Joël Cornette (dir.). Rome, naissance d'un empire, de Romulus à Pompée. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2021.



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