Wamba (672 à 680)

WAMBA


Chronologie

650 à 700
En 672 (HC46, LOM), Receswinthe laisse vacant le trône du Royaume Wisigoth. De peur de déclencher une guerre civile, Wamba cède à la pression des nobles présents dans la salle du trône, qui menacent de le tuer s'il refuse de se faire couronner. Ainsi, Wamba prend la succession de Receswinthe et devient roi du Royaume Wisigoth (HC46). Le rite du sacre apparaît au sein du royaume Wisigoth, au plus tard, au moment de l'accession au pouvoir du roi Wamba. Cette cérémonie apporte au souverain une nouvelle légitimité, le choix du peuple étant désormais symboliquement validé par Dieu par l'intermédiaire de ses représentants sur terre, les évêques (LOM).

En 673, un dénommé Paul se rebelle et contraint Wamba à entreprendre une longue campagne militaire au terme de laquelle Paul est condamné à la prison et à un châtiment exemplaire. Paul est scalpé puis exhibé à dos de dromadaire à travers la capitale du royaume, couronné d'un squelette de poisson (HC46)En effet, Loup I, duc d'Aquitaine et de Vasconie, intervient en Narbonnaise pour aider un usurpateur wisigoth, Paul, soulevé contre le roi de Tolède, Wamba. Il n'est pas sûr que la manœuvre soit menée à la demande explicite de Childéric II mais pour la première fois depuis l'époque de Dagobert I, des Francs, ou des Franco-Wascons, pénètrent dans le royaume wisigoth pour imposer leur candidat au trône et, surtout, pour piller quelques villes. Rapidement, il leur apparaît que Paul n'a aucune chance face à Wamba. L'affaire ne va donc pas plus loin (EM 228). Ainsi, dès le début du mois de septembre, Loup, duc d'Aquitaine et de Vasconie, se trouve en Septimanie (LV1 46). En effet, Hildéric, comte de Nîmes, Gumild, évêque de Maguelone, et l'abbé Ranimire ou Ramie, se soulèvent contre le roi Wamba, chargent de chaînes l'évêque de Nîmes, Aregius, qui refuse de s'associer à leur entreprise, et le font passer dans les pays des Francs, c'est-à-dire en Aquitaine. Puis, au mépris des règles ecclésiastiques, Hildéric installe Ranimire à la place d'Aregius et le fait sacrer par 2 autres évêques d'une nation étrangère. A la nouvelle de cette révolte, Wamba envoie une armée pour la réprimer. Mais le duc Paul, qui la commande, se fait proclamer roi dès qu'il entre dans Narbonne et gagne à sa cause les rebelles de Nîmes. La Septimanie s'arme alors pour l'usurpateur et une multitude de Francs, c'est-à-dire d'Aquitains et de Vascons accourent sous ses drapeaux. Wanba est alors occupé à réduire les Vascons du diocèse de Calahorra, soulevés contre son autorité, quand il apprend la trahison de Paul. Il pousse activement l'expédition et réduit en 7 jours ces Vascons à lui demander la paix et à payer les tributs accoutumés. Il dirige ensuite son armée sur la Gaule, par Calahorra et Huesca, et s'empare de Narbonne, d'Agde, de Béziers et de Maguelone. Nîmes, où Paul s'est retiré avec ses meilleures troupes, est assaillie le 1er septembre 673, et Wamba s'y trouve encore, 6 jours après, lorsqu'un message vient lui annoncer que le duc Loup a pénétré en armes sur le territoire de Béziers. Wamba se porte aussitôt, à marches forcées, contre le duc d'Aquitaine et de Vasconie qui est déjà à Aspiran, sur la rive droite de l'Hérault. Mais, à l'approche du roi wisigoth, l'armée de Loup disparaît rapidement, et, après s'être assuré que le duc vascon est introuvable, Wamba se dirige sur Narbonne. Il rentre triomphalement en Espagne, après avoir assuré le repos de la Septimanie (LV1 46-47)Au cours de la même année, le 1 novembre, Wamba promulgue une importante loi militaire qui établit des obligations pour tous les sujets dans deux cas distincts. Dans un premier cas, la loi stipule que tout homme, clerc ou laïc, se trouvant dans un rayon de moins de cent milles du lieu d'une agression frontalière au royaume par un peuple étranger est tenu d'aller la combattre en toute hâte, accompagné du plus grand nombre possible de dépendants. En effet, le législateur observe avec affliction qu'en pareil cas nombreux sont ceux qui fuient leurs obligations, permettant ainsi aux ennemis de pénétrer facilement a l'intérieur du royaume et causant des victimes parmi la population. Le texte de cette loi donne une véritable définition des frontaliers du Royaume Wisigoth. Ce sont ainsi toutes les personnes qui se trouvent au voisinage des peuples étrangers, plus précisément dans un rayon de cent milles, ce qui donne grosso modo une bande frontalière d'environ 150 kilomètres de large a 1'intérieur de laquelle les habitants se trouvent astreints a des obligations militaires particulières. Les personnes de passage sont par ailleurs investies des mêmes responsabilités que les habitants, du moment qu'elles se trouvent dans la zone considérée au moment de l'alerte. Le deuxième cas de figure envisagé par la loi de Wamba est celui d'une tentative d'usurpation, ou les mêmes obligations s'appliquent à toutes les personnes se trouvant a une distance de moins de cent milles du lieu ou a éclaté la révolte. A partir de la promulgation de cette loi est donc entrée en vigueur une disposition législative qui matérialise la dimension militaire de la frontière et met en place une véritable organisation de la défense sur les marges du royaume. Ces obligations concernent tous les habitants, clercs et laïcs, grands et petits, et des châtiments fort lourds les sanctionnent en cas non respect de la loi. Ainsi, les clercs majeurs, c'est-à-dire les évêques, les prêtres et les diacres, peuvent choisir entre 1'exil et le remboursement à leurs frais de tous les dégâts causés par 1'agression, tandis que le reste des sujets se voit confisquer tous ses biens et est réduit en servitude. Le premier cas de la loi entend probablement combattre plus efficacement les expéditions de pillage que le royaume subit sur ses marges au cours du VIIe siècle. Mais il est aussi possible que la loi dans son intégralité manifeste une tendance à la territorialisation de la défense, c'est-à-dire une relative perte de contrôle des opérations militaires de la part de la monarchie wisigothe. Cependant, par la suite, la loi finit peut-être par avoir des effets désastreux, réduisant à !'incapacité juridique peut-être la moitié des sujets du royaume, réduits a la servitude (GEV).

En 680, il est possible que, se sentant très malade et proche de la mort, Wamba jure de faire pénitence et entre dans le clergé en recevant la tonsure. Contre toute attente, l'ancien roi se rétablit mais n'a d'autre choix que de se retirer dans un monastère, car sa condition de moine pénitent lui interdit désormais de porter la couronne. Refusant d'y voir le fruit du hasard, beaucoup soupçonnent un stratagème monté à la cour par des conspirateurs pour faire abdiquer Wamba (HC46). Une autre possibilité est que Wamba est drogué au cours d'un banquet, tonsuré puis jeté dans un couvent par son rival, Ervige (HE). Chez les Wisigoths, comme chez tous les peuples germaniques, la tonsure est le moyen absolu d'écarter un prince de la royauté (HE), la chevelure longue et l'absence de défauts physiques étant considérés par ces mêmes peuples germaniques comme des symboles de noblesse et de force, donc comme des conditions indispensables à l'exercice du pouvoir (HC46). Ervige prend alors la succession de Wamba et devient roi du Royaume Wisigoth (HC46, HE).

De 683 à 693, les rois wisigoths Wamba, Erwich et Egica semblent avoir étendu leur domination jusqu'au diocèse de Pampelune, en Vasconie espagnole, d'une manière plus ou moins intermittente (LV1 50).


Sources de l'article

HC46. Eduardo Manzano, chercheur, Conseil supérieur de la recherche scientifique, Madrid. Le royaume déchiré des Wisigoths. Histoire & Civilisations 46, janvier 2019.
LOM : Joël Chandelier, Joël Cornette (dir.). L'Occident médiéval, d'Alaric à Léonard. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2021.
HE : Philippe Nourry. Histoire de l'Espagne, des origines à nos jours. Collection Texto. Editions Tallandier, 2013 et 2019.
GEV : Céline Martin. La géographie du pouvoir dans l'Espagne visigothique. Presses universitaires du Septentrion, 2003. Version en ligne Academia.
LV1 : Jean de Jaurgain. La Vasconnie, étude historique et critique sur les origines du royaume de Navarre, du duché de Gascogne, des comtés de Comminges, d'Aragon, de Foix, de Bigorre, d'Alava et de Biscaye, de la Vicomté de Béarn et des grands fiefs du duché de Gascogne. Première partie, Pau, 1898.
LV2 : Jean de Jaurgain. La Vasconnie, étude historique et critique sur les origines du royaume de Navarre, du duché de Gascogne, des comtés de Comminges, d'Aragon, de Foix, de Bigorre, d'Alava et de Biscaye, de la Vicomté de Béarn et des grands fiefs du duché de Gascogne. Deuxième partie, Pau, 1902.
EM : Bruno Dumézil. L'empire mérovingien, Ve-VIIIe siècle. Passés composés, 2023.


Bibliographie

Georges Labouysse. Les Wisigoths, peuple nomade, peuple souverain, I-VIIIe siècle. Loubatières, 2006.
Pedro de Palol, Gisela Ripoli. Les Goths, Ostrogroths et Wisigoths en Occident. Seuil, 1990.



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