Assur-dân II (-934 à -912)

ASSUR-DÂN II


Chronologie

-950 à -900
En -934, Assur-dân II devient roi d'Assyrie (EA 47, LM 564). Son règne suit immédiatement celui de Tiglath-phalazar II (LM 564, 594). Quand il monte sur le trône, l'Assyrie a profondément changé et l'Empire qu'elle a soumis lui a en grande partie échappé au profit des Araméens (LM 575). Sous le règne d'Assur-dân II, l'Assyrie commence seulement à sortir de la crise où elle était plongée et le roi inaugure la première phase de reconquête (EA 47). En effet, Assur-dân II lance la contre-offensive assyrienne (LM 594) et c'est à partir d'Assur-dân II que les souverains assyriens partent à la reconquête de leurs territoires perdus (LM 593). Aujourd'hui, c'est la lecture de leurs inscriptions qui permet de connaître la nouvelle carte que la création des royaumes araméens a dessinée en Mésopotamie du Nord (LM 593). Quand Assur-dân II devient roi, le contrôle des frontières traditionnelles de l'Assyrie a été perdu, surtout après le règne de Tiglath-phalazar I, à cause de la pénétration des tribus araméennes. L'état du pays est si désastreux que ses habitants s'enfuient et se réfugient même chez les ennemis de l'Assyrie, dans l'espoir de trouver ailleurs des conditions de vie acceptables (EA 47). A partir du Xe siècle, et surtout à partir du règne d'Assur-dân II, les sources écrites assyriennes redeviennent abondantes, sous la forme d'Annales enregistrant les campagnes militaires des rois d'Assyrie (LM 632). Ces sources permettent aujourd'hui de suivre la politique des rois assyriens (LM 632). Les annales d'Assur-dân II sont parvenues jusqu'à l'époque actuelle dans un état fragmentaire, mais les chercheurs peuvent comprendre quels ont été les objectifs de son règne, soit assurer la sécurité du petit Etat assyrien et l'accès aux principales sources d'approvisionnement en matières premières, comme le bois qui fait défaut en Assyrie. Assur-dân II dirige donc ses expéditions vers les montagnes du nord et de l'est, où il doit affronter des populations belliqueuses. Il entreprend de terroriser ses ennemis en ravageant, détruisant et brûlant leurs villes. Il ramène à Arbèles le roi du Katmuhu, l'écorche, étale sa peau sur les murs de la ville et transforme le Katmuhu en Etat vassal. Ce type d'action agressive va rester un modèle pour la politique étrangère de ses successeurs. Même s'il prétend avoir pris du butin aux Araméens, il ne semble pas les avoir vraiment affrontés, par crainte ou par calcul (EA 47-48). Au cours de son règne, Assur-dân II s'attaque notamment à la région du Tur Abdin et à Nabisina, conquise qu'au cours du règne de son successeur, Adad-nârârî II (LM 633). Pour restaurer la gloire de l'Assyrie, Assur-dân II se dit roi du monde et roi d'Assyrie. Il est aussi un roi bâtisseur et un chasseur, qui se vante d'avoir tué 120 lions, 1600 taureaux et 56 éléphants. Le programme affiché par Assur-dân II, ainsi que par ses successeurs jusqu'à Assurnasirpal II, consiste à redresser l'Assyrie. Ainsi, Assur-dân II dit avoir ramené les habitants de l'Assyrie épuisés qui avaient déserté leurs villes et leurs maisons, poussés par le besoin, la faim et la famine, et s'étaient exilés. Il dit avoir installé ces habitants dans des villes et des maisons convenables où ils vivent en paix. Il dit avoir attelé des charrues dans tous les secteurs et y avoir entassé plus de grains que jamais. L'armée de Assur-dân II ne dispose pas d'une supériorité écrasante sur ses adversaires. Il change de tactique par rapport à ses prédécesseurs afin d'assurer la réussite de ses expéditions. Au lieu de raids fulgurants et sans lendemain de ses prédécesseurs, il s'inspire de la tactique des nomades. Il adopte leurs méthode de harcèlement continuel et s'empare des localités par surprise pour éviter toute résistance. Quand une localité lui résiste, il la contourne, mais en stockant à proximité les approvisionnements nécessaires pour reprendre les opérations au moment opportun. Il réutilise la technique du siège des villes, en y apportant des innovations, comme la construction de fortins et de circonvallations dont il la cerne (EA 48). Ainsi, la stratégie mise en œuvre par Assur-dân II, puis ses successeurs Adad-nârârî et Tukultî-Nimurta II, consiste à affaiblir progressivement l'ennemi en revenant chaque année mettre le siège devant sa capitale, en brûlant systématiquement ses récoltes, et en pillant ses troupeaux. Lorsque l'adversaire se soumet, il est astreint au versement d'un tribut annuel, et le roi d'Asssyrie installe des colons assyriens sur certaines portions de territoire. A terme, le royaume ou la principauté sont annexés et incorporés dans le territoire assyrien (LM 633). Avec Assur-dân II, l'armée assyrienne devient enfin une espèce d'agent de perception du butin et des impôts. Elle commence à ressembler à une caravane, qui rapporte en Assyrie des chars, des chevaux, des bœufs et des objets précieux (EA 48). Les campagnes militaires des rois assyriens, outre leur aspect politique, ont une finalité économique évidente, et les prélèvements sur les pays conquis touchent également la population. Lorsque les vaincus ne sont pas massacrés, ils sont emmenés en Assyrie pour compléter la main-d'œuvre utilisée pour les grands travaux logistiques et de prestige qu'entreprennent les rois assyriens. Ce système s'institutionnalise sous la forme de déportations. Ces déportations peuvent être sélectives et frapper les élites sociales et économiques, ou, de plus en plus au fur et à mesure de l'évolution de l'Empire assyrien, être massives et concerner des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes. Au cours du règne de Assur-dân II, il est fait mention de 2 déportations, sans fournir de chiffres précis sur le nombre de personnes déplacées (LM 667-669).

En -912, Assur-dân II laisse le trône vacant (EA 47, LM 564).

En -911 (LM 425), le fils de Assur-dân II, Adad-nârârî II, lui succède et devient roi d'Assyrie (EA 49, LM 425).


Sources de l'article

EA : Josette Elayi. L'Empire assyrien. Collection Tempus. Editions Perrin, édition 2021, réédition 2024.
LM : Bertrand Lafon, Aline Tenu, Francis Joannès, Philippe Clancier, Joëlle Cornette (dir.). La Mésopotamie, de Gilgamesh à Artaban. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2017.