Gaston IV le Croisé (1074 à 1131)
GASTON IV LE CROISÉ
Chronologie
1050 à 1100
Avant 1074, mais à une date inconnue, Centulle V épouse Gisla. De ce mariage naît, toujours avant 1074, son futur héritier Gaston,
le futur Gaston IV le Croisé (IPP).
Vers 1085, préparant l'incorporation du Montanérès à la vicomté de Béarn, Centulle V fait épouser à Gaston, son héritier, Talèse d'Aragon, fille de Sanche, comte d'Aïbar et de Javierrelatre, frère naturel du roi Sanche-Ramirez. En effet, Talèse, héritière de la vicomté du Montanérès, apporte ce territoire en dot (IPP).
En 1090 (VBS, IPP), Centulle V est assassiné dans la vallée aragonaise de Tena, alors qu'il vient se mettre au service de Sanche-Ramirez, roi d'Aragon et de Navarre qui souhaite attaquer et prendre Huesca (IPP). Son fils, Gaston prend alors la tête de la vicomté de Béarn et devient Gaston IV (VBS). Gaston IV doit tout de suite faire face à un assaut des Dacquois et des Souletins, désireux de profiter de la situation pour rouvrir leur conflit frontalier permanent avec les Béarnais (IPP). En effet, Centulle V ayant été tué dans la vallée de Tena, Guillaume-Fort II, vicomte de Soule et, en partie, de Lavedan, joint ses troupes à celles de Pierre I-Arnaud, vicomte de Dax, que Gaston IV, vicomte de Béarn, vient de déposséder de sa terre, et, après une guerre longue et sanglante, les deux alliés rentrent dans la possession de leurs héritages (LV).
En 1094 (IPP), ou en 1095 (VBS), le 14 octobre, l'archevêque d'Auch, en présence de l'évêque d'Oloron, célèbre la dédicace de l'église abbatiale de Saint-Pé de Geyres. A cette occasion, l'abbé Eudes demande à tous les grands seigneurs de la Gascogne ainsi qu'au duc Guillaume IX de confirmer la promesse faite par leurs prédécesseurs de protéger l'abbaye. Parmi les vassaux de Guillaume IX qui font une telle promesse, figurent Gaston IV ainsi que 12 grands seigneurs béarnais, Bernard d'Espoey, Raymond de Doumy, Arnaud-Raymond d'Espoey, Guillaume-Raymond d'Espoey, Guillaume-Garcie de Miossens, Aner-Loup d'Andoins, Raymond-Garsie de Gabaston, Raymond-Arnaud de Buzy, Bernard-Guillaume d'Escot, Guillaume-Arnaud de Castet, Raymond-Auriol de Laruns, et Arnaud-Aner de Montaner et ses fils (VBS). Gaston IV manifeste sa piété par une importante donation dont les clauses respectent les droits des populations des villages voisins, aux frontières du Béarn et de la Bigorre. En agissant ainsi, il reste fidèle à la politique de son père, Centulle V, qui avait le souci de conserver les meilleures relations possibles avec le clergé et la papauté (IPP).
En 1095, en novembre, le pape Urbain II lance un appel à la croisade depuis Clermont (IPP).
Avant 1096, peu avant son départ pour la croisade, Gaston IV enlève à l'abbé de Saint-Vincent de Lucq le bénéfice d'une donation pourtant régulière. L'abbé ne fait appel à personne contre cette décision qu'il juge inique (VBS).
En 1096, suite à l'appel du pape Urbain II, Gaston IV et ses hommes (VBS), ainsi que son demi-frère Centulle de Bigorre (IPP), prennent le chemin de la Terre Sainte (VBS). Gaston IV confie alors le Béarn à son épouse, Talèse, assistée d'un conseil où siègent quelques seigneurs qui restent sur place pour protéger et gérer son domaine. Cependant, Urbain II ne parvient pas à convaincre le duc de Gascogne qui refuse de partir en croisade. Ce refus entraîne les chevaliers gascons à se regrouper sous la bannière de Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse et le premier seigneur à répondre à l'appel pontifical. Ainsi, à l'automne, l'armée méridionale des croisés, avec Gaston IV et Centulle de Bigorre, et à laquelle se joint le légat pontifical Adémar de Monteil, se met en route au Puy. Cette armée remonte la vallée du Rhône, puis il est possible qu'elle traverse les Alpes par le col du Mont Genèvre (IPP).
NB : Une autre source, du même auteur mais écrite bien auparavant, signale que Gaston IV, ses hommes, et Centulle de Bigorre font partie en permanence des troupes commandées par Guillaume IX au siège de Nicée, d'Antioche et au moment de l'assaut de Jérusalem, et que les Béarnais reviennent ensuite de la croisade avec le duc de Gascogne (VBS).
Entre 1096 et 1097, l'armée méridionale des croisés, avec Gaston IV, chemine en plein hiver à travers les contreforts alpins pour arriver en Istrie. Elle gagne ensuite Durazzo, sur l'actuelle côte albanaise, pour suivre ensuite le tracé d'une ancienne voie romaine, l'antique via Egnatia vers Salonique avant de rejoindre Ruskoï, l'actuelle Rodosto. L'accueil est hostile et l'armée méridionale des croisés s'emparent des remparts et pillent la ville (IPP).
En 1097, en mai, l'armée méridionale des croisés rejoint les autres groupes armés de la croisade sur la rive asiatique. Le 6 mai, l'ensemble des armées de croisés arrivent devant Nicée et le siège commence le 14. Par la suite, l'armée méridionale, répartie en deux corps d'armée placés respectivement sous le commandement du légat pontifical et de Raymond de Saint-Gilles doit repousser une armée turque de secours venue prendre à revers les assiégeants. Selon les chroniques, lors de l'affrontement, Gaston IV fonce sur l'ennemi et écrase tout sur son passage. Finalement, le 19 juin, après qu'une flottille byzantine ait complété le blocus de la ville, la garnison de Nicée se rend aux Byzantins avec l'assurance de ne pas être tuée. Ensuite l'ensemble des armées de croisés, après s'être divisée en plusieurs pelotons, prend la route d'Iconium, l'actuelle Konieh. Le 1 juillet, larmée normande de Tancrède et de Bohémond sont surpris dans le défilé de Dorylée. Raymond de Saint-Gilles et ses hommes, dont Gaston IV, se portent à leur secours. Gaston IV fait alors partie des 7 chevaliers qui s'enfoncent en plein cœur du dispositif turc, mettant en déroute leur chef Kilidj Arslan, le sultan du pays de Roum et contribuant ainsi à une victoire décisive. Ensuite, parvenus à Héraclée, l'ensemble des armées de croisés se partage en 2 groupes le 14 octobre. Raymond de Saint-Gilles et ses chevaliers, dont Gaston IV et Centulle, contournent le massif par le pays arménien de Marasch. Le 20 octobre, les 2 groupes se rassemblent devant Antioche et entament un long siège. En fin d'année, pour rendre le blocus un peu plus serré au sud-ouest, les croisés construisent le château de Malregard et prennent ensuite la décision d'en assumer la garde à tour de rôle. Gaston IV se porte alors volontaire (IPP).
En 1098, le 5 mars, Gaston IV se rend avec Raymond de Saint-Gilles et Bohémond à Port Siméon pour y chercher des charpentiers capables de construire des machines de siège. Il est probable qu'il doit ensuite superviser, voire diriger, leur fabrication. Le 6 mars, avec le corps des Provençaux, Gascons et Bourguignons, et sous les ordres de Raymond de Saint-Gilles, Gaston IV participe à la défense du pont de bateaux traversant l'Oronte, face à la porte du Chien d'Antioche. Le 7 mars, Gaston IV assure la défense de la Mahomerie, un ancien lieu de sépulture musulman transformé en point d'appui chréten. Le 3 juin Bohémond s'empare d'Antioche mais sans pouvoir chasser la garnison turque de la cidatelle. Le 8 juin, l'armée de Kerbogah, sultan seldjoukide de Bagdad, arrive pour aide les turcs assiégés de la citadelle. Le 28 juin, lors d'une bataille, dans laquelle se distingue Gaston IV en participant à la charge qui fait voler en éclats l'ennemi, l'armée des croisés parvient à écraser l'armée de Kerbogah, ce qui entraîne la capitulation de la citadelle. Au lendemain de la prise d'Antioche, Gaston IV fait partie d'un contingent de 150 chevaliers qui viennent prêter main forte à Baudoin de Boulogne qui s'empare d'Edesse pour en faire sa principauté au détriment des arméniens (IPP).
En 1099, le 1 mars, l'ensemble de l'armée des croisés se met en marche pour rejoindre Jérusalem et Gaston IV se retrouve dans l'avant-garde de cette armée, en compagnie des Lotharingiens. Le 3 juin, Gaston IV, prenant le commandement de l'avant-garde, pénètre dans Ramla, désertée par ses habitants. Le 7 juin, l'armée des croisés se trouvent devant Jérusalem, défendue par une garnison arabo-soudanaise sous la direction du gouverneur Badr, nommé par le Caire. Le 13 juin, sans aucune préparation, l'armée des croisés se lancent à l'assaut de Jérusalem, sans succès. Par la suite, l'armée des croisés entreprend le siège de la ville et Gaston IV entreprend la construction des machines de siège. Le 14 juillet, un assaut est lancé, sans succès. Le 15 juillet, à l'aube, un nouvel assaut est lancé, sans plus de réussite, puis, à 9 heures, un autre assaut est lancé et celui-ci est victorieux et les croisés s'emparent de Jérusalem et massacrent les assiégés. Au cours de l'invasion de la ville, Gaston IV et Tancrède donnent leur bannière, afin de les protéger à un groupe d'habitants qui tentent d'échapper au carnage en se réfugiant dans la coupole qui se dresse au-dessus de l'esplanade du Temple de Salomon. Cependant, le lendemain, ces réfugiés sont massacrés par des croisés. Le 12 août, Gaston IV participe à la bataille d'Ascalon entre l'armée des croisés et l'armée fatimide venue reprendre Jérusalem et qui voit la victoire des croisés. A la fin du mois de septembre, Gaston IV entame son retour en Béarn et embarque à Laodicée pour Constantinople, en compagnie du comte de Flandres et du duc de Normandie (IPP).
1100 à 1150
En 1101, en avril, au plus tard, Gaston IV le Croisé est de retour en Béarn (IPP). A son retour de la croisade, il confirme sa décision d'enlever à l'abbé de Saint-Vincent de Lucq le bénéfice d'une donation pourtant régulière (VBS) et, avec Talèse, il décide d'installer à la cathédrale de Lescar, autour de son évêque Sanche, un chapitre de chanoines réguliers suivant la règle de Saint-Augustin (IPP). Le 21 avril, avec l'approbation d'Amat, le légat pontifical devenu archevêque de Bordeaux, et de l'archevêque d'Auch, Gaston IV le Croisé, accompagné par Talèse, décide de fonder une nouvelle maison hospitalière, à Lescar, pour accueillir les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. A la demande de l'évêque de Lescar, Gaston IV le Croisé et Talèse concèdent à ce nouvel hôpital leurs redevances en pain et en vin perçues dans le Vic-Bilh, ainsi que les revenus des églises de Caresse, d'Assat et de Bordes (IPP). Au cours de la même année, Gaston IV concède ses droits de gîte dans la région de Morlàas à l'abbaye Sainte-Foy (VBS).
Au cours du tout début du XIIe siècle, Gaston IV le Croisé, en accord avec Talèse, participe à la fondation de l'hôpital de Sainte-Christine du Somport pour permettre aux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle d'affluer en Béarn et de traverser les Pyrénées en sécurité (IPP).
Dans le premier quart du XIIe siècle, Gaston IV le Croisé, entreprend la construction d’un relais hospitalier, l'Espitau deu Faget d'Aubertii, l'Hôpital d'Aubertin c'est-à-dire la future Commanderie de Lacommande, entre les villes épiscopales de Lescar et d'Oloron, sur un très ancien chemin qui se prolonge vers l'Espagne par la vallée d'Aspe et le col du Somport. Cependant, un petit seigneur local revendique la propriété du sol et de longues batailles juridiques s'ensuivent (LCD).
En 1102, le 19 février, dans l'idée de faire de leur capitale un centre plus attractif, Gaston IV le Croisé et Talèse signent, dans le cloître de Sainte-Foy de Morlàas, un privilège d'ingénuité en faveur de ses habitants qui se trouvent désormais sous sa sauvegarde, premier pas vers l'octroi du futur For. Le 6 avril, Gaston IV le Croisé et Talèse concèdent à l'hôpital de Lescar, fondé en 1101, les revenus du péage prélevé sur une passerelle permettant de franchir le gave à la hauteur de Lescar, tout en ménageant les intérêts du propriétaire des terres sises à son débouché et où se tient une foire. Ce propriétaire fournit, comme redevance, les juments nécessaires pour faire battre le blé dont dispose l'hôpital et reçoit une rente payable par moitié à la Toussaint et par moitié le jour de foire. Ce même 6 avril, Gaston IV le Croisé et Talèse transfèrent à la cathédrale de Lescar leurs droits de justice et les revenus en découlant sur le territoire de la paroisse de Lescar. Au début de cette même année, Talèse met au monde un héritier, et Gaston IV le Croisé fait une donation au profit du prieuré clunisien de Sainte-Foy. Il confirme toutes les donations antérieures de son père, Centulle V, et ajoute la dîme sur les ventes de vin et de viandes à Morlàas, le dixième du produit des vignes vicomtales ainsi que les 5 sous morlans qu'il reçoit à l'occasion de la cursum equorum, un tournoi de cavaliers, organisée à la Toussaint à Morlàas (IPP).
En 1103, au printemps, Guillaume IX convoque sa cour féodale à Tuizan pour juger un procès mettant aux prises le vicomte de Benauge et le monastère de la Réole. Parmi les vassaux rassemblés à cette occasion, se trouvent les comtes d'Armagnac, de Fezensac, de Lomagne et les vicomtes de Béarn, de Marsan, de Gavardan. Gaston IV est désigné par le duc pour veiller à l'application de la sentence en compagnie de Pierre de Gabarret, son gendre (VBS).
En 1104, accompagné de quelques-uns de ses châtelains, dont ceux d'Andoins, Cadillon et Denguin, Gaston IV le Croisé se rend à l'église de Diusse pour rencontrer Bernard, comte d'Armagnac accompagné de ses vassaux. Sur l'autel dédié à Saint Jean, en présence de Sanche, évêque de Lescar, ils jurent de se confirmer aux prescriptions émises par l'archevêque d'Auch en matière de paix et de trêve de Dieu. L'archevêque reprend ainsi, en sa qualité de légat pontifical, les mesures adoptées à ce sujet par un concile tenu au Latran en 1102 sur l'initiative du pape clunisien Pascal II (IPP).
Dès 1105, Gaston IV le Croisé est maître de la région d'Orthez et du pays de Mixe et d'Ostabaret. Le bon aloi et la qualité de frappe des monnaies sorties des ateliers de Morlàas leur assure une large diffusion dans le Midi et dans les royaumes ibériques. Gaston IV est si bien maître de ces ateliers qu'il peut se permettre de révoquer la concession de l'office de graveur, concession pourtant faite à perpétuité par son père. Le maître graveur Girard doit s'incliner sans pouvoir introduire de recours auprès d'une autorité supérieure. Finalement, par la suite, le maître graveur Girard ne retrouve son office qu'après avoir obtenu une nouvelle concession viagère contre un droit d'entrée de 100 sous morlàas (VBS).
Entre 1110 et 1114, Gaston IV le Croisé et Talèse participent à la fondation de l'hôpital de Mifaget pour permettre aux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle d'affluer en Béarn et de traverser les Pyrénées en sécurité (IPP).
En 1117, Alphonse le Batailleur s'attaque au massif montagneux du Maestrazgo et du Montalban. Pour mener à bien cette expédition, il mobilise ses forces aragonaises et navarraises, fait appel à des contingents catalans et bénéficie de l'appui total de Gaston IV le Croisé, de Centulle de Bigorre, et de leurs chevaliers. Les troupes se concentrent dans la plaine de l'Ebre, près d'Ayerbe, au débouché des Mallos de Riglos, pendant que tous les châteaux la dominant, comme Gomaz ou Sibirana, sont en état d'alerte. La ville de Morella est ensuite prise, et peut-être Belchite aussi. Une offensive est ensuite lancée contre Lleida. Le 8 juillet, Alphonse le Batailleur, Gaston IV le Croisé et Centulle sont dans les faubourgs de Saragosse. Avant de se retirer, l'armée coalisée béarno-aragonaise ravage la huerta de Saragosse. Puis Gaston IV le Croisé retourne en Béarn pour préparer, pendant l'hiver, la grande offensive prévue l'année suivante (IPP).
En 1118, le 24 janvier, Gélase II devient pape. Il se rend ensuite à Toulouse et réunit un concile auquel prennent part des prélats venus des deux côtés des Pyrénées, les archevêques d'Arles et d'Auch y retrouvant Gui de Lons, évêque de Lescar, et les évêques de Bayonne, Pampelune et Barbastro. L'assemblée décide que l'expédition prévue contre Saragosse par Alphonse le Batailleur et Gaston IV le Croisé sera une croisade au même titre que les expéditions en Terre Sainte. Pierre de Librana est désigné comme légat. Gaston IV le Croisé accueille en Béarn les contingents venus du nord des Pyrénées avec notamment, le fils du vicomte du Labourd, Bernard Aton, vicomte de Carcassonne, Centulle de Bigorre, le comte de Comminges, les vicomtes de Gabarret, Lavedan, Espagnol de Labourd, Arnaud de Tarbes et le seigneur béarnais de Denguin. L'armée franchit ensuite le Somport, faisant une halte à Sainte-Christine. A la mi-mai, cette armée, complétée par les normands de Rotrou du Perche, sont sur les bords de la lagune d'Ayerbe et réduisent Almudévar, un nid de résistance musulman isolé dans les terres déjà conquises. Cette armée est ensuite rejointe par celle de Alphonse le Batailleur et de ses hommes, dont Diego Lopez de Haro, seigneur de Biscaye et le comte de Pallas. Cette grande armée réunie a aussi la présente de l'église avec le légat Pierre de Librana mais aussi Esteban de Huesca, Ramon de Roda et Sancho Funes de Calahorra. L'armée arrive ensuite devant Saragosse et Gaston IV le Croisé prend en main l'organisation du siège de la cité. Le 22 mai, la garnison de Saragosse tente une sortie, sans succès. Début juin, peut-être le 2, les croisés s'emparent des faubourgs. L'Aljaferia est occupé et sert probablement de cantonnement. Le siège commence alors véritablement. Fin septembre, Abd Allah b. Mazdali, gouverneur almoravide de Grenade vient au secours des assiégés et réussit à pénétrer dans Saragosse. Mais un mois et demi plus tard, Mazdali meurt. Cet évènement est caché aussi longtemps que possible mais finit par être connu. Probablement vers mi-novembre, les croisés lancent un assaut, sans succés. Le 2 décembre, un assaut est lancé par des navarrais conduits par Gaston-Guillaume, évêque de Pampelune, ce qui ouvre une brèche dans la muraille et ce qui entraîne la garnison de Saragosse à offrir sa capitulation. Le 6 décembre, une bataille a peut-être lieu près du château de Maria, sur les bords du Huerva, à 18km au sud de Saragosse, contre une armée de secours, peut-être dirigée par Ali et son frère Tamin, gouverneur d'al-Andalus. Le 18 décembre, Alphonse le Batailleur prend officiellement possession de l'Aljaferia. Le 19 décembre, Alphonse le Batailleur fait son entrée dans Saragosse et s'installe dans l'azuda, le palais gouvernemental, à proximité de la porte de Tolède. Gaston IV est alors chargé, avec le justicia d'Aragon, c'est-à-dire le grand officier veillant au respect de la législation, d'organiser l'attribution des maisons et des biens rendus disponibles par le départ des émigrants qui quittent Saragosse. Alphonse le Batailleur concède également à Gaston IV, en seigneurie, tout le quartier nord-ouest de la cité, l'ancien quartier mozarabe avec l'église Santa-Maria la Mayor, l'acutelle basilique du Pilar (IPP).
En 1119, Gaston IV le Croisé donne à Garcie-Fort d'Aspe et à Arnaud de Gornes diverses terres dans le pays du Gallego, dont une avec un système d'irrigation. L'acte est alors consigné dans un document. Au cours de la même année, Gaston IV participe à la prise de Tudèle, aux côtés de Rotrou du Perche, Robert Burdet, Rainaud de Bailleul, Gautier de Gerville, Gui de Lons, Centulle de Bigorre, Pierre de Gabarret et Arnaud de Lavedan. Alphonse le Batailleur donne alors à Gaston IV le domaine d'Uncastillo (IPP).
En 1120, Alphonse le Batailleur, avec notamment Gaston IV le Croisé, lance de nouvelles conquêtes sur les musulmans. Alphonse le Batailleur fait appel à de nouveaux renforts et Guillaume IX, duc d'Aquitaine, répond favorablement. Le 18 juin, dans la vallée du Jiloca, à 16 km de Daroca, a lieu la bataille de Cutanda, où Alphonse le Batailleur et Gaston IV mettent en déroute l'armée almoravide. Le 24 juin, la ville de Calatayud capitule. Puis c'est le tour de Daroca qui est conquise. Gaston IV le Croisé propose alors à Alphonse le Batailleur de créer une Militia Christi, comparable aux Chevaliers du Saint-Sépulcre qui virent le jour au lendemain de la prise de Jérusalem en 1099. Ainsi, une cité est fondée et est confiée à cette milice dont les membres sont appelés Chevaliers de Monreal, ou encore Chevaliers des Palmes, car ils prennent ces dernières comme emblème (IPP).
En 1122, Alphonse le Batailleur est présent dans les environs de l'actuel l'Hôpital-Saint-Blaise. Avec Gaston IV le Croisé, il participe peut-être à la fondation d'un hôpital, dédié aux œuvres de miséricorde et qui deviendra le futur établissement de l'Hôpital-Saint-Blaise avec l'église Saint-Blaise. La date réelle d'édification de cet hôpital est inconnue et ces présumées participations sont peut-être à l'origine de la dévotion particulière de l'établissement pour la Sainte Croix (TAR). En mai, Alphonse le Batailleur retrouve Gaston IV le Croisé à Morlàas. A cette occasion, Centulle, comte de Bigorre, prête hommage à Alphonse le Batailleur et devient ainsi vassal de la Couronne d'Aragon (IPP).
En 1124, Gaston IV le Croisé est en Aragon avec Talèse, son épouse, et leur fils, Centulle. Il concède des maisons à Saragosse et une huerta, une propriété cultivée par irrigation, dans l'Arrabal, un faubourg de la cité, à Arnaud de Lavedan (IPP).
En 1125, Gaston IV le Croisé participe à une expédition sur Grenade avec Alphonse le Batailleur, des mozarabes de la cité, qui préparent une révolte, l'ayant appelé à l'aide. Accompagnés de Hermandad de Belchite, Galindo Sanchez, Pierre de Librana, Gui de Lons, Rotrou du Perche et plusieurs chevaliers normands, ils s'enfoncent ainsi en Andalousie. L'armée s'empare d'abord de 2 tours qui contrôlent le Col de la Pena Cadiella, l'actuelle Benicadel dans la vallée de Albaida, et repoussent la contre-attaque ennemie avant de se replier. Puis, le 29 septembre, l'armée, composée de 3000 à 5000 cavaliers, quitte Plasencia del Jalon, passe par Daroca et Cella, et rejoint Valence le 20 octobre. L'armée contourne Valence, attaque ensuite Alcira, sans succès, et gagne Denia dans la nuit du 31 octobre mais ne peut s'emparer de la ville. Elle descend ensuite vers Murcie en empruntant les gorges de Jativa et de Pena Cadiella. Puis elle contourne Murcie, traverse Vera, Alamanzor, Purchena avant de se reposer une semiane à Tijola à l'embouchure du fleuve. L'armée poursuit sur Baeza mais ne peut s'en emparer puis se rend à Guadix où elle reste près d'un mois car le ravitaillement ne manque pas dans ce secteur. Elle reprend ensuite la route (IPP).
En 1126, le 7 janvier, l'armée de l'expédition d'Alphonse le Batailleur, à laquelle participe Gaston IV le Croisé arrive devant Grenade. Mais, après plusieurs jours d'attente, il devient évident que Grenade ne pourrait pas être conquise. Le 23 janvier, l'armée se retire, accompagnée de mozarabes expulsés de la cité. Alphonse le Batailleur change alors de stratégie et ravage les environs de Grenade et de Cordoue. Il se trouve ainsi à Macarena, Baena et Espejo. Le 10 mars, près d'Anzul, à trois lieues de Lucena, l'armée d'Alphonse le Batailleur se retrouve face à l'armée almoravide conduite par Abu-Bakr, un fils de l'émir, et remporte la victoire. Alphonse le Batailleur décide alors de rentrer en Aragon. L'armée, avec toujours Gaston IV de Béarn, passe d'abord par les Alpujarras du Guadalfeo, traversent la cordillère les séparant de la Méditerranée, en direction de Motril, puis prennent réellement le chemin du retour. De Velez-Malaga, elle regagne la vega de Grenade puis Guadix, Murcie et Jativa. En juin, Alphonse le Batailleur et Gaston IV le Croisé sont dans la région de Tudèle, et au cours du même mois, Alphonse le Batailleur promulgue une charte, cosignée par Gaston IV le Croisé en sa qualité de seigneur d'Uncastillo, à l'attention des mozarabes qui avaient pu revenir de Grenade avec l'armée des chrétiens et qui s'installèrent dans la vallée de l'Ebre (IPP).
En 1128, en janvier, un accord est trouvé entre Gaston IV le Croisé et un seigneur local, le seigneur de Bedosse. La charte albertine est passée entre, d’une part, les représentants de Gaston IV et du prieuré de Sainte-Christine-du-Somport, et, d'autre part, les successeurs du seigneur de Bedosse. Ces derniers ayant été dédommagés par 90 brebis pleines, l'hôpital de la future Commanderie de Lacommande peut continuer à se développer sous la conduite de chanoines réguliers de Saint-Augustin et dans le cadre du réseau de Sainte-Christine-du-Somport (LCD). Le 6 avril, en compagnie de Talèse, Gaston IV le Croisé fonde le prieuré de Sauvelade rattaché à Sainte-Christine du Somport. Puis, le 13 juin, toujours en accord avec Talèse, il décide de confier à ce même hôpital de Sainte-Christine, la gestion de celui de Mifaget. A cette époque, Gaston IV le Croisé et Talèse viennent de perdre un fils unique, nommé Centulle (IPP).
Après 1128, Gaston IV le Croisé et Talèse ont un fils qu'ils nomment Centulle (IPP).
En 1129, en septembre, Gaston IV le Croisé et Alphonse le Batailleur se rencontrent pour la dernière fois. En effet, Alphonse le Batailleur décide, à Tafalla, d'accorder des franchises spéciales aux chevaliers du nord des Pyrénées s'installant à Pampelune dans le quartier de Saint-Saturnin. La charte est alors cosigné par Gaston IV le Croisé, comme témoin avec son titre de seigneur de Saragosse. Par la suite, Alphonse le Batailleur part pour le val d'Aran et Gaston IV le Croisé, ainsi que Etienne, évêque de Huesca, assurent en quelque sorte la régence (IPP).
En 1131, peut-être le 24 mai et probablement dans le secteur frontalier au-delà de Monreal, Gaston IV le Croisé est tué, peut-être dans une bataille contre Yintan ben Ali, gouverneur de Valence. La tête de Gaston IV le Croisé est apportée à Grenade où elle est exposée dans les rues, au sommet d'une pique et dans une ambiance de fête et de roulements de tambours (IPP). Centulle VI, le fils de Gaston IV le Croise devient ensuite vicomte de Béarn (VBS). Plus tard, les musulmans acceptent de négocier la restitution du corps décapité de Gaston IV le Croisé. Le reste de sa dépouille est ensuite inhumé sous le porche d'entrée de l'église Santa-Maria la Mayor de Saragosse, l'actuelle basilique du Pilar, tandis que son olifan et ses éperons sont confiés au trésor de la basilique (IPP).
1200 à 1800
A partir d'une date inconnue, mais après 1131, et jusqu'au XVIIIe siècle, dans l'église de Santa-Maria la Mayor de
Saragosse, l'actuelle basilique du Pilar, les jours de grande solennité religieuse, l'olifan et les
éperons de Gaston IV le Croisé sont montrés aux fidèles, perpétuant le souvenir de Gaston IV le
Croisé (IPP).
Entre 1681 et 1717, lors des travaux de reconstruction de la basilique du Pilar, les éperons de Gaston IV le Croisé disparaissent, ainsi que l'emplacement de son tombeau (IPP).
Sources de l'article
VBS : Pierre Tucoo-Chala. La vicomté de Béarn et le problème de sa souveraineté, des origines à 1620. Bordeaux, Imprimerie Bière, 1961, fac-similé Nouvelles Editions Louis Rabier, 2016.
IPP : Pierre Tucoo-Chala. Quand l'Islam était aux portes des Pyrénées, de Gaston IV le Croisé à la croisade des Albigeois. Collection Terres et Hommes du Sud, J&D Editions, 1994.
LV : Jean de Jaurgain. La Vasconnie, étude historique et critique sur les origines du royaume de Navarre, du duché de Gascogne, des comtés de Comminges, d'Aragon, de Foix, de Bigorre, d'Alava et de Biscaye, de la Vicomté de Béarn et des grands fiefs du duché de Gascogne. Première partie, Pau, 1898. Deuxième partie, Pau, 1902.
LCD : Jean-Claude Lassègues, Jacques Lacoste. Lacommande. Amis des Eglises Anciennes du Béarn.
TAR : Maritchu Etcheverry. Trésors de l'art roman en Pays Basque. Kilika éditions, 2021.